DPE : On vous souhaite bien du plaisir…
Le dernier billet de « l’UFC-Que Choisir » va encore mettre un vilain coup de projecteur sur les compétences des diagnostiqueurs.
Dans un billet mis en ligne lundi sur son site Internet, l’UFC-Que Choisir livre les résultats d’un Nième « test de compétence » des diagnostiqueurs immobiliers. Les conclusions sont sans appels : « En 2011, force est de déplorer que rien n’a changé. Sur 4 maisons visitées par 16 diagnostiqueurs : deux maisons ont été classées dans pas moins de 3 classes énergétiques différentes, une a été classée dans 2 étiquettes différentes, une seule s’étant vue attribuer la même étiquette énergétique par tous ces « professionnels ».
Et d’ajouter : « Une des maisons enquêtée a été classée, selon les diagnostiqueurs, en C, D ou E, avec une estimation de consommation de 134 kWh à 244 kWh par m2 et par an, soit une facture annuelle variant de 1000 à 1800 euros »
En conclusion l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics :
«• D’adopter sans délai des mesures techniques pour fiabiliser les Diagnostics de Performance Energétique.
• De rendre opposable le DPE entre l’acheteur et le vendeur pour que la responsabilité du diagnostiqueur puisse être engagée en cas de diagnostic erroné.»
C’est intéressant de constater que d’un coté on demande aux pouvoirs publics des mesures techniques pour fiabiliser nos calculs (donc nos résultats) et qu’on lui demande en même temps d’engager notre responsabilité…. Les compagnies d’assurances vont surement apprécier…..
Au début du mois d’avril, un nouveau bus partira en Autriche dans le Vorarlberg. A son bord des constructeurs, des architectes, des bureaux d’études… Certes ce ne sont pas des journalistes, mais ils ont pris la peine d’étudier la thermique du bâtiment. Ils ne confondent pas « notes de calculs règlementaires » et « études thermiques ».
Ils savent que le modèle français basé sur « l’énergie primaire » ne marche pas quand il s’agit de garantir les résultats !
Changer la base de calcul ou faire deux études au lieu d’une, logiciels de calcul type RT contre le logiciel PHPP … Lequel va l’emporter ? Les coefficients de conversions qui permettent toujours de « tricher » ou le standard européen que le monde entier est en passe d’adopter ?
A la décharge du modèle français, il faut cependant souligner qu’il offre la possibilité de gagner un peu de temps, celui qu’il faudra à nos entreprises du bâtiment pour apprendre à construire autrement.
Reste que si la France fait l’autruche au lieu de faire des progrès, ce n’est pas aux diagnostiqueurs d’en faire les frais !
A l’origine le DPE était le seul diagnostic dans lequel notre responsabilité ne pouvait être engagée du fait même que tous avaient conscience qu’il restait « des calculs conventionnels » à améliorer. Ensuite nous avions constaté que malgré le même algorithme les logiciels donnaient des résultats différents. A ce jour, seuls trois logiciels sont validés officiellement « écart inférieur à 5% » quand on y introduit les mêmes données…. Rappelons pudiquement qu’il aura fallu attendre près de 4 ans depuis vos premiers « coups de gueules », ici même, sur le sujet….
Aujourd’hui, les ingénieurs sérieux qui planchent sur le sujet, admettent volontiers un écart de consommation d’énergie qui peut varier de plus ou moins 50% selon les occupants du bien et leurs habitudes. Finalement, les « estimations conventionnelles » qu’indique cette dernière étude serait donc moins éloignées que les consommations réelles observées dans certains nouveaux immeubles « BBC »… Alors pourquoi nous donner toujours « la priorité » ?
Tant il est vrai que c’est souvent plus facile de dire que les hommes sont mauvais plutôt que de reprendre depuis le début, l’étude d’un modèle qui à ce jour reste toujours fondamentalement imparfait ….